Jihad el-Hokayem est l’un des premiers experts à avoir prédit la crise immobilière. Pour cet analyste en finances des marchés, la tendance baissière va se poursuivre et Beyrouth est la région la plus touchée.
La demande pour le secteur immobilier a brusquement baissé de 23,7% au premier semestre de 2018. Selon vous, cette tendance va-t-elle se poursuivre à moyen terme?
Effectivement, tous les indicateurs analysés montrent que la tendance baissière va se poursuivre à moyen terme.
Quel est l’impact de la hausse des taux d’intérêt sur le marché immobilier?
La valeur des actifs en général incluant l’immobilier, est inversement proportionnelle au taux d’intérêt. L’augmentation du taux d’intérêt a contribué à une baisse significative du marché de l’immobilier et d’une façon plus accélérée, puisque l’augmentation des taux d’intérêt a été spectaculaire arrivant à 17% comme taux créditeur auprès de certaines banques parmi les meilleures au Liban.
La baisse concerne-t-elle aussi les terrains ou seulement les appartements?
La baisse des prix concerne à la fois les terrains et les appartements même si les appartements ont été plus touchés. Il est à noter que le prix des appartements diminue normalement avant que ceux des terrains ne baissent.
Quelles sont les régions les plus touchées? Y a-t-il des zones épargnées?
La capitale Beyrouth est la région la plus touchée, ce qui est normal car entre 2008 et 2010, la hausse des prix du marché immobilier a commencé à Beyrouth avant de se propager dans d’autres régions. La même chose s’applique pour la baisse qui a commencé à Beyrouth avant de toucher les autres régions. Il y a toujours un décalage dans le temps. Il n’y a pas de régions épargnées, il y a seulement un décalage et l’impact peut varier entre les régions.
Le risque d’une bulle immobilière existe-t-il?
Nous étions déjà dans une bulle spéculative au Liban qui a éclaté et la crise va s’accentuer et les prix vont chuter davantage.
Pour ceux qui souhaitent investir dans l’achat d’un appartement ou d’un terrain, quels conseils?
Pour ceux ou celles qui souhaitent investir, s’ils peuvent décrocher un appartement à un prix réduit de 55 % à 60% du prix de 2017, ils peuvent le faire dès maintenant. Reste à noter que pour les années à venir, la chute des prix peut atteindre jusqu’à 60 ou 65% mais l’éventail de choix va augmenter. Tout dépend du portefeuille de chacun et combien et comment il est diversifié.
Pensez-vous que la BDL va reprendre son programme de subvention des prêts logement en 2019, comme annoncé par son gouverneur Riad Salamé?
Si jamais le programme de subvention des prêts logement en 2019 va avoir lieu, il sera à un taux d’intérêt nettement plus élevé qu’avant, et le montant alloué pour ces prêts sera inférieur à celui d’avant et insuffisant pour satisfaire le besoin. L’accès à ces prêts ne sera pas du tout facile et pas à la portée de tout le monde, vu que les conditions nécessaires pour obtenir ces crédits seront plus draconiennes.